mercredi 7 août 2013

Alcool: s'affranchir de la dépendance, c'est aussi surmonter l'obstacle du regard d'autrui - le Plus

Merci Pierre pour la justesse de tes propos... Mouze Alcoolique

Alcool: s'affranchir de la dépendance, c'est aussi surmonter l'obstacle du regard d'autrui - le Plus:


Alcool: s'affranchir de la dépendance, c'est aussi surmonter l'obstacle du regard d'autrui
Publié le 06-08-2013 à 15h17 - Modifié le 06-08-2013 à 17h22




Par Pierre Veissière
psychosociologue


LE PLUS. Il est encore loin le temps de la fête des vendanges. Le mois d'août est plutôt synonyme de ferias... et de réjouissances souvent alcoolisées. Pour Pierre Veissière, auteur de "Kit de secours pour alcoolique", il est temps qu'on arrête de considérer que fête et alcool vont ensemble et que les anciens alcooliques, devenus abstinents, sont socialement anormaux.

Édité par Daphnée Leportois Auteur parrainé par Aude Baron





L'alcool synonyme de soirée réussie, un credo dont souffrent les alcoolodépendants qui tentent de sortir de leur addiction (SIPA).

Pour les alcooliques, se séparer de l’alcool paraît au départ insurmontable. Le lien était devenu viscéral, vital. La relation à l’alcool et à l’existence se trouve bouleversée. Au début, plane aussi la menace du"craving", cette impérieuse pulsion à boire immédiatement. Mais le facteur en permanence déstabilisant est la crainte de la réaction des autres, de ce qu’ils vont penser.

Les difficultés durables, qui se présentent très vite, sont ici sociales. Vous arrêtez de fumer, c’est très bien accueilli. Vous arrêtez de boire, vous suscitez l’interrogation instantanée (inquiète, inquisitrice, agressive, rarement bienveillante).

Reboire par crainte d'être discriminé


La maladie ne se voit pas. Le comportement social, si. De nombreux alcooliques en rétablissement font la confusion. Beaucoup d’alcoolodépendants, devenus "pathologiquement a-normaux" en ce sens qu’ils ne peuvent plus boire d’alcool impunément, se sentent surtout et automatiquement "socialement a-normaux" puisque, effectivement, s’ils respectent la base du traitement, ils ne doivent plus boire d’alcool. Et ça, ça se remarque, ou du moins le croient-ils.

Social et pathologique ne sont pas clairement différenciés. Le social est tellement fort, la crainte du regard des autres si vive que la peur d’apparaître différent, d’être rejeté, incite à reboire pour ne pas paraître à l’écart, irrémédiablement étrange et étranger. Le besoin grégaire d’appartenance, d’être accepté, d’être conforme, prévaut souvent.

C’est risquer d’être discriminé, défavorablement, qui est craint et incite à calquer son comportement sur celui de la majorité : boire, donc reboire, malgré le risque, à court terme, de rechuter.

L’appartenance magique à la même tribu, le "tous pareils"/"tous unis", le rituel enraciné, la peur de la contamination du troupeau par la brebis malade, l’offrande refusée du liquide sacralisé, le poncif de la tristesse de l’abstinence font craindre cette mise à l’écart, le catalogage comme un être désormais infréquentable, indigne, la mise au grand jour de la différence qui maintenant n’est plus dissimulée, la modification inéluctable des relations.

Marginalisation par le sevrage


Les préjugés à l’égard de l’alcoolique sont archaïques : on soupçonne "l’a-normal", le malade d’y être un peu pour quelque chose, d’être dangereux pour le groupe, d’être vaguement contagieux, inquiétant, d’avoir fauté, de l’avoir cherché, d’être une sorte de terra incognita néfaste, malfaisante…

Ce ne sont pas des "pensées" mais des clichés, stéréotypes et réflexes conditionnés, rationnellement éculés, mais profondément enracinés.

L’égalitarisme, actuellement envisagé comme une vertu sociale impérative, et la crainte d’être stigmatisé jouent aussi un rôle dissuasif dans le maintien de l’abstinence.

Au passage, inégalité culturelle surprenante : si un consommateur de drogues illicites parvient à se sevrer, il peut revenir dans le giron de la société normale. En revanche, un alcoolique, accomplissant la même démarche vis-à-vis de sa propre drogue, obtient un résultat strictement inverse : c’est en devenant abstinent qu’il se marginalise (cf. p. 97 de "L'alcool : alibis et solitudes - Cours d'alcoologie", de Jean Morenon et Jean Rainaut).

L'abstinence, prix à payer


Une inclination (temporaire ?) partagée par certains médecins, et bon nombre de patients, tend à vouloir croire à une possible guérison, qui autoriserait la consommation contrôlée comme objectif thérapeutique valable. C’est parfait pour les "buveurs excessifs", amalgamés ici, par artifice, aux alcoolodépendants réels.

La mode serait à l’indifférenciation : pas de frontières entre les deux, tous embarqués dans le même bateau du traitement sanitaire et social des abus d’alcool. Tous similaires, censés obéir au mythe de l’égalité.

Mais, si la matière n’était pas aussi tragique, cette crédulité opportuniste ferait sourire les véritables alcoolodépendants, qui ont compris depuis longtemps que l’abstinence d’alcool est le prix de base à payer pour connaître enfin la libération.

Et cette libération, complètement sous-estimée par les patients qui n’en ont pas idée, par la société, et par ceux des soignants qui prennent les demandes initiales des malades pour argent comptant ("Donnez-moi une pilule, je pourrai continuer à boire pas plus que les autres, et mon âme sera guérie.") est une splendeur, mille fois plus savoureuse que de pouvoir, occasionnellement, reboire un verre.

Puissance addictive de l'alcool


Ce prix, qui paraît énorme aux profanes, est en fait fort bon marché pour les bienfaits réels qu’il procure à la personne concernée.

Un alcoolique suspendu à l’absorption d’un verre, un seul, de temps en temps, ce serait cela la liberté ? Quelle dérision, quel fétichisme ! Mais aussi quel indice de la puissance addictive de l’alcool auprès de ses assujettis et affidés, et de celle du conformisme normalisateur…

Les alcoolodépendants ont un seul point spécifique de différence fondamentale avec la majorité des consommateurs d’alcool. Il est quand même insensé, et peu altruiste, de continuer à l’ignorer, ou à faire, d’une tête d’épingle, un signe de divergence insurmontable.

Pourquoi "la différence", qui est par ailleurs prônée comme éminemment intéressante et respectable, ne le serait précisément pas à l’égard de l’alcoolique, dont l’affection exige, pour qu’il se rétablisse, réellement et complètement, de cesser de boire de l’alcool, quelles que soient les circonstances ? Pourquoi s’ingénierait-on à ne pas respecter la seule nécessité sanitaire que le cœur de sa maladie, l’alcoolodépendance, impose pour qu’il récupère une vie de bonne qualité ?

Plaisir de trinquer sans alcool

Il n’y a guère à craindre des alcoolodépendants l’ostentation de leur spécificité, ou la moindre revendication communautariste. Il est juste émis le souhait que la société se rende enfin compte que, pour des raisons médicales, certains de ses membres, pour se soigner et aller bien, doivent ne plus consommer du tout d’alcool.

Et que, dans une société civilisée, le plaisir d’être avec, d’être ensemble, pourrait primer sur le partage rituel obligatoire de ce produit ancestral, certes magique, mais devenu poison pour une importante fraction d’entre nous. Porter un toast, trinquer n’implique nullement que ce soit, ad vitam aeternam, exclusivement avec de l’alcool pour tout le monde.

L’alcoolique craint, à juste titre, d’être perçu comme "a-normal" par la société, après avoir appris, et commencé à accepter, sa propre a-normalité sanitaire. Mais, "atypique", il l’a été bien souvent par le passé, sans que cela déplaise à quiconque. Rien ne devrait l’empêcher de continuer à être légèrement atypique, à la satisfaction générale, tout en consommant désormais, avec l’assentiment collectif, parce que sa santé l’exige, exclusivement des liquides non alcoolisés.

Une étincelle de raison et d’espoir concret en vue…

Pierre Veissière est l'auteur de "Kit de secours pour alcoolique" (également en e-book) préfacé par le professeur Bernard Hillemand, de l'Académie de médecine (Grrr...art Editions).
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Définition de l'alcoolisme selon wikipedia

Définition de l'alcoolisme selon wikipedia

L'alcoolisme est la dépendance à l'alcool (éthanol) contenu dans les boissons alcoolisées. L'OMS reconnaît l'alcoolisme comme une pathologie et le définit comme des troubles mentaux et troubles du comportement liés à l'utilisation d'alcool1.

Cette perte de contrôle s'accompagne généralement d'une dépendance physique caractérisée par un syndrome de sevrage à l'arrêt de la consommation (pharmacodépendance, craving), une dépendance psychologique, ainsi qu'une tolérance (nécessité d'augmenter les doses pour obtenir le même effet).

La progression dans le temps est l'une des caractéristiques majeures de cette addiction. L'usage sans dommage (appelé usage simple) précède l'usage à risque et l'usage nocif (sans dépendance), puis enfin la dépendance. L'alcool est une substance psychoactive à l'origine de cette dépendance mais elle est également une substance toxique induisant des effets néfastes sur la santé. L'alcoolodépendance est à l'origine de dommages physiques, psychiques et sociaux.

source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcoolisme